Lorsque Anne-Marie obtient son Bac STT ACA en 2003, l’envie de faire des études supérieures la démange déjà mais ce projet est mis en attente pour des raisons familiales.
“J’avais besoin de trouver un emploi rapidement afin de pouvoir aider mon papa et donc je suis entrée dans la vie active. A cette époque, je ne savais pas vers quel secteur me diriger, je voulais juste me faire de l’expérience. Je me suis alors retrouvée en formation pour gravure au Centre Culturel Tjibaou et c’est comme ça qu’a commencé ma vie professionnelle.”
Cette opportunité révèle en Anne-Marie un véritable engouement pour l’art à tel point qu’elle décide de poursuivre une nouvelle formation incluant des cours sur l’infographie, la sculpture et l’histoire de l’art.
En parallèle, elle s’essaie à l’éducation, en occupant des postes vacants en tant qu’institutrice suppléante proposés par la Direction diocésaine de l’école catholique en Nouvelle-Calédonie.
“Lorsqu’on m’a contactée pour un remplacement à l’école de Wala sur mon île natale de Belep, j’ai tout de suite accepté et j’ai découvert un nouveau métier que j’aimais beaucoup.”
Anne-Marie reste dix ans dans le domaine de l’éducation, occupant des postes en tant qu’institutrice remplaçante sur Belep, Païta, Saint-Louis et la Conception.
“Je prenais beaucoup de plaisir dans mon travail, mais un jour, le plaisir s’est transformé en routine. Je me suis rendu compte que je stagnais et que je voulais évoluer.”
En 2019, Anne-Marie sollicite le programme Cadres Avenir une première fois et s’entretient avec un conseiller. Au fil des discussions, elle s’oriente vers l’assistance sociale, un domaine qu’elle avait déjà envisagé auparavant.
“Cette carrière me parlait, je trouvais ça intéressant, mais elle me faisait peur. C’était sur sélection et je n’avais pas confiance en moi. Mais je savais aussi qu’être assistante sociale, ça collait avec ma personnalité empathique et c’était un parcours idéal pour pouvoir aider les gens.”
Mais Anne-Marie ne donne pas suite à sa candidature de suite, de peur de sortir de sa zone de confort. Ce n’est que l’année d’après, alors qu’elle est en poste à l’école de la Conception, qu’une collègue sophrologue la motive à déterrer son dossier et relancer le projet.
“Cette fois-ci, c’était la bonne, cette envie de me lancer dans cette voie était forte au fond de moi. Je marche par la foi et je cultive le positivisme, donc toute la logistique et les potentiels obstacles qui pourraient s’ériger devant moi ne me faisaient pas peur. J’étais également soutenue par mon conjoint, tout était aligné pour que ça marche!”
Anne-Marie saute alors le pas, suit la remise à niveau de Cadres Avenir et part seule pour Marseille, préférant être complètement installée avant de faire venir sa famille. Les démarches pour trouver un logement se révèlent longues et pénibles et elle s’en remet donc au réseau Cadres Avenir pour lui venir en aide. Elle entre en contact avec Audrey, une autre bénéficiaire, qui l’accueille chez elle le temps de trouver l’endroit idéal.
“Après ça, tout s’est enchaîné très vite. J’ai pu trouver un logement et ma famille m’a rejoint dans la foulée! Nous n’étions jamais venus en Métropole, donc ça a été dépaysant pour nous tous. L’environnement, la taille, la mentalité; tout était nouveau. C’est une sacrée expérience! Bien sûr nous avons dû sortir de notre zone de confort et ça n’a pas été simple de suite. Mais aujourd’hui, mon mari à un emploi et mes enfants sont heureux à l’école.”
De son côté, Anne-Marie intègre son cursus d’assistante de service social à l’IMF RIS de Marseille, et se forme à aider les personnes en difficulté en termes de logement, d’éducation ou même d’accès aux droits et aux soins.
“Il y a un peu une idée toute faite de cette profession, notamment à cause de ce qui est dépeint dans les films ou les séries. Alors oui, la base de notre métier, c’est la protection de l’enfance mais nos champs d’interventions sont en vérité multiples. Nous facilitons l’insertion socio-professionnelle pour tous les secteurs et tous les publics confrontés à des problématiques sociales.”
Pour Anne-Marie, cet accompagnement et ce soutien psychologique sont d’une grande importance, surtout en Nouvelle-Calédonie où beaucoup de gens ne connaissent pas leurs droits.
“Assistante sociale, c’est un métier qui manque cruellement au pays. Sur notre île, nous faisons face à des problématiques complexes et ça me tient à cœur de pouvoir rentrer et aider tous ces gens à saisir leurs droits. Après mes études, j’aimerai me former encore un ou deux ans avant de rentrer et consolider mes connaissances en politiques sociales. Alors à ce moment, je pourrais être totalement en confiance en l’aide que je peux apporter.”
Motivée par cette envie d’aider les populations calédoniennes, Anne-Marie se concentre sur ses études. Malheureusement, un souci de santé lors de sa dernière année la force à interrompre sa formation.
“A ce moment-là, il m’était devenu difficile de concilier travail personnel, professionnel et les exigences de la formation. Heureusement mon mari n’a jamais cessé de me soutenir et j’ai pu reprendre du poil de la bête et me relancer dans ma dernière année d’étude. Au final, le fait d’avoir fait une pause m’a permis de prendre beaucoup de recul. Je me sens désormais plus sereine, et je suis plus confiante!”
Le mot de fin
Tout au long de son parcours et aujourd’hui encore, Anne-Marie à du surmonter des obstacles du quotidien pour atteindre ses objectifs. Mais si une chose est sûre, c’est qu’elle n’a jamais baissé les bras et à su accueillir ces épreuves avec ce positivisme qui la caractérise.
“Les problèmes, ils existent bien sûr, mais ils sont passagers. Pour moi, le plus important c’est toujours d’oser. Juste oser. Il faut apprendre à briser la barrière psychologique et vivre sa vie avec un bon état d’esprit. Lorsqu’on arrive à atteindre ce positivisme et qu’on le cultive, c’est comme ça qu’on s’aligne avec nos envies et qu’on réalise nos rêves.”