Après plusieurs redoublements durant ses années de lycée, c’est à 20 ans que Jean-Christophe obtient son baccalauréat. 

J’ai mis du temps à sortir de l’école, et une fois cette étape passée, j’ai constaté que mes anciens camarades avaient fait leur bout de chemin tandis que moi j’avais fait du sur place. C’est à ce moment-là que le déclic s’est produit”. 

Jean-Christophe décide donc de quitter le pays afin de s’éloigner du confort de sa maison, de sa famille et de découvrir ce que lui réserve le monde. Accompagné par un dispositif de bourse dispensé par la province Nord, il entame un DUT en génie biologique à Caen.  

En quittant le territoire, j’ai mis un point d’honneur à vivre dans une ville le plus loin possible de mes connaissances calédoniennes. C’est une décision que j’ai prise dès mon départ et à laquelle je me suis tenu car je voulais vivre l’expérience de l’expatriation à fond, vaincre ma timidité en allant vers les autres, et aussi ne pas me reposer sur l’idée réconfortante de retrouver des visages connus le weekend ou les jours de blues”. 

C’est ainsi que Jean-Christophe tisse des liens avec des amis de tous les horizons et découvre de nouvelles cultures. Les deux premières années, il décide de rester en Métropole pendant ses vacances et trouve un job d’été qui lui permettra de se payer son premier voyage à l’étranger. 

J’étais devenu très ami avec des Irlandais et je leur avais promis de passer les voir. Une fois l’argent gagné, j’ai pris mon sac et je suis parti en vacances, seul, en Irlande, sans parler la langue et sans vraiment savoir où j’allais. C’est comme ça que j’ai développé mon anglais et j’ai vraiment adoré ! J’ai même réitéré l’expérience des années plus tard en Inde du Nord, avec un sac à dos, et en conviant cette fois-ci un autre étudiant avec qui j’ai des liens familiaux. Nous sommes partis à l’aventure vers ce que l’on voyait dans les livres de géographie et reportages.” 

Mais son goût de l’aventure ne déconcentre pas pour autant Jean-Christophe qui, une fois son DUT en poche, décide de poursuivre son chemin académique. 

En quittant le pays, j’avais déjà comme projet d’y revenir et de m’occuper des décharges publiques en province Nord. Lorsque j’en ai parlé au conseiller de l’ACESTE qui me suivait à l’époque, il m’a proposé de trouver une autre formation qui pourrait compléter mon BAC+2. C’est comme ça que j’ai atterri en géologie”. 

Le hasard faisant bien les choses, Jean-Christophe se découvre un réel engouement pour ce domaine et travaille d’arrache-pied jusqu’à obtenir un BAC+5 à l’Institut Catholique de Paris. 

Je n’ai pas fait les plus grandes écoles d’ingénieurs, mais les formations que j’ai suivies m’ont vraiment fait connaître la partie la plus naturaliste du métier et m’ont enseigné le travail sur le terrain. C’est ce qui fait ma force aujourd’hui.

C’est pendant cette période, au bout de sa quatrième année d’études, que Jean-Christophe intègre le programme Cadres Avenir et bénéficie d’un accompagnement plus complet tant sur le plan pédagogique que financier. 

Avec Cadres Avenir, j’ai pu m’offrir un petit confort de vie qui me permettait de me concentrer sur mes études sans m’inquiéter outre mesure. C’était un plus non négligeable pour la fin de mon cursus.” 

Pendant ses dernières années d’études, Jean-Christophe décide à nouveau de rester sur place pour les vacances, cette fois-ci pour se mettre au défi et travailler dans des conditions physiques nouvelles pour lui. 

À ce moment-là, j’ai vraiment fait du boulot d’ouvrier, et je pense que je l’ai fait pour me rappeler qu’en Nouvelle-Calédonie, on n’était pas si mal ! Pendant un mois, j’ai porté une grosse caisse contenant un radar et l’on a scanné quelques kilomètres des murs des égouts de Paris afin d’en vérifier l’état des parois. On était en plein été, avec les odeurs que ce genre de températures impliquent, et entouré de rats. C’était une sacrée expérience qui m’a appris la base de mon métier et comme je ne voulais pas sortir des bancs d’écoles et aller directement dans un bureau, c’était important pour moi de commencer sur le terrain.” 

En 2005, Jean-Christophe saute sur l’opportunité que lui offre la compagnie Eramet de suivre un stage de six mois au Gabon, en Afrique. Au bout de ces six mois, la compagnie lui propose de revenir exercer en tant que VIE (volontaire international en entreprise). 

Au final, j’ai passé cinq ans et demi au Gabon. J’y ai rencontré ma femme, j’y ai eu mes deux premiers enfants et j’ai tissé des liens avec de la famille et des amis qui perdurent encore aujourd’hui. Ça a été une des plus belles expériences de ma vie. Professionnellement, comme à Paris, j’ai commencé sur le terrain avec de l’échantillonnage de minerai jusqu’à devenir Ingénieur Planification Minière puis d’Études Exploitation Minière.”

Une fois son contrat terminé, il est temps pour Jean-Christophe de rentrer en Nouvelle-Calédonie afin de faire découvrir son pays à ses enfants et à sa femme mais aussi afin d’évoluer dans sa carrière et de progresser dans le domaine de la mine. 

J’ai fait 5 ans et demi à la SLN à Thio avant d’être renvoyé au Gabon pour deux ans et demi en tant que chef de service d’exploitation. Cette dernière expérience en Afrique m’a permis de clore un chapitre de ma vie pour de bon, avant de revenir sur le territoire en 2019.” 

 Aujourd’hui, Jean-Christophe travaille pour KNS, en tant que responsable département opération mine avec plus de 200 employés sous son aile et en coopération avec des cadres de Glencore. 

Mon but ici, c’est vraiment de rapporter aux jeunes du pays l’expérience que j’ai pu accumuler au fil des années, les encourager à avoir une bonne confiance en leurs capacités, mais sans jamais cesser d’apprendre également aux côtés de gens qui sont formés différemment. C’est comme ça qu’on peut apporter des vraies solutions. C’est pour de tels projets et de telles responsabilités que j’ai travaillé si dur.” 

 

Le mot de fin

 

Véritable globe-trotteur, Jean-Christophe a vécu de nombreuses vies en une ! De la Nouvelle-Calédonie à la France, en passant par l’Irlande, l’Inde du Nord et le Gabon, ses voyages ont forgé un parcours unique. 


Mon travail, c’est de la mine, si on devait le résumer très grossièrement, il s’agit de déplacer un caillou d’un point A à un point B, mais le plus important ce sont les gens que j’ai pu rencontrer au fil de mes expériences. Ces échanges sont inestimables. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de quitter le pays et de partir à la rencontre de cultures différentes. Cela nous permet d’avoir une vision plus nette sur beaucoup de choses et nous ouvre les yeux sur la chance que nous avons de vivre en Nouvelle-Calédonie. Pour se lancer, il faut avoir confiance en soi, se pousser à toujours donner le meilleur de soi-même et rester humble, et rester reconnaissant de cette chance, que le territoire ou sa famille, donne pour que l’on puisse se former. Et se former, c’est d’un côté les examens et de l’autre côté les rencontres avec ceux qui veulent vous aider et vous faire progresser pour être meilleur qu’ hier!