C’est ainsi que fut désignée la toute première promotion de cadres calédoniens envoyés en formation au titre des accords de Matignon qui stipulaient, en réponse à une demande forte de Jean-Marie TJIBAOU, que  » dans le but de rééquilibrer le partage des responsabilités dans l’administration de la Nouvelle-Calédonie, un important programme de formation de cadres, particulièrement de cadres mélanésiens, doit être engagé dans les meilleurs délais ».

Donner une culture administrative de base à des cadres destinés à participer à la constitution de l’ossature de l’administration calédonienne a été l’objet strictement technique de la formation de la Promotion du Dialogue.

Mais la Promotion du Dialogue a été plus que cela. La promotion du Dialogue a constitué, par bien des égards, un élément symbolique dans la mise en oeuvre des Accords de Matignon.

Elle a été la traduction de la volonté des signataires des Accords de Matignon
de s’attacher au plus vite à leur mise en oeuvre. Cette première application concrète des Accords de Matignon est organisé un mois à peine après leur signature et les stagiaires sont réceptionnés « en Franche-Comté dès le 26 septembre 1988, un mois avant la ratification des Accords de Matignon par référendum.

Elle a ouvert la voie à « l’opération 400 Cadres « qui se poursuit aujourd’hui encore sous l’appellation « Cadres Avenir ».
Les stagiaires de la Promotion du Dialogue peuvent se prévaloir d’avoir été les cobayes d’une opération dont le caractère essentiel pour le devenir du Pays est aujourd’hui incontesté tant en ce qui concerne le nombre de personnes en ayant bénéficié qu’au regard des niveaux de qualification acquis.

Elle a été la Promotion du DIALOGUE, de la Tolérance, de la Solidarité entre Calédoniens « égarés » dans une France accueillante, certes mais « étrangère ».Le Choix des stagiaires n’a pas été facile.

Ce sont Jean-Marie TJIBAOU, Jacques LAFLEUR et Yeiwéné YEIWENE qui ont eux-même tranché. A l’heure du dialogue, il convenait de ne heurter personne. Ce groupe, constituer de différentes ethnies, est aussi la représentation des diverses tendances « politiques » qui revendiquent le droit de s’exprimer sur le devenir de la Nouvelle-Calédonie.

C’était, il y a 20 ans, au sortir des événements de 84 et de 88 qui ont opposé, dramatiquement toujours, directement ou indirectement, les familles de ces jeunes désormais réunis pour servir un Pays en devenir dans une Paix à sauvegarder et à consolider. Une responsabilité assumée, par tous, avec mérite et sincérité.

Elle a été avant l’heure, la représentation de ce « destin commun » qui ne sera ainsi nommé que 10 ans plus tard avec l’Accord de Nouméa.

L’épreuve du « vivre ensemble » dans un projet commun de formation, encadré par la discipline et le respect, a été imposée. Elle doit se découvrir, elle se pratique au quotidien avec beaucoup d’autocensures, mais aussi avec de la reconnaissance. Elle est surtout l’occasion de la découverte d’une appartenance à une île perdue à 22 000 Kilomètres, d’une tradition calédonienne commune riche de ses diversités culturelles. Elle a tissé des liens.

C’était il y a 20 ans, et les liens tissés alors, perdurent encore.

Dans le souvenir de Graziella et Joël emportés par la maladie alors qu’ils officiaient, l’une dans l’administration Provinciale Nord, l’autre à la Subdivision administrative de Poindimié.

Entre tous les autres, investis politiquement dans les communes, dans les assemblées provinciales et de la Nouvelle-Calédonie, cadres dans les cabinets politiques, responsables dans les administrations de la Nouvelle-Calédonie, des provinces, des subdivisions administratives, des communes.

Ces liens de reconnaissance et de solidarité qui nous autorisent à confirmer aujourd’hui que, véritablement, tous et chacun, fidèles à la formation reçue à Besançon, mais bien au-delà, redevables de l’immense opportunité qui nous a été offerte d’être, par la Promotion du Dialogue, le symbole d’une Calédonie réconciliée, nous nous sommes engagés, dans l’oeuvre de construction de notre Pays.