Après avoir obtenu son BAC, Léontine, originaire de Lifou enchaîne plusieurs petits boulots comme cantinière dans les écoles, aide maternelle ou encore croupière au Casino. Finalement, elle passe son concours d’infirmière, un métier pour lequel elle se découvre une véritable passion.
“J’ai été infirmière durant dix ans, c’est un métier que j’aime vraiment. Mais à force d’être confrontée au turn-over médical, j’ai ressenti des failles dans notre système, notamment en ce qui concerne la continuité des soins délivrés aux patients. C’est lors d’une grève du personnel médical, lorsque j’ai pu rencontrer et discuter avec madame Eurisouké, à cette époque chargée de la santé, que j’ai compris que si je voulais que ça s’améliore il fallait que j’agisse.”
Poussée par cette envie de changer un système fragile, Léontine décide de reprendre ses études afin de devenir infirmière en pratique avancée. Elle s’oriente vers le programme Cadres Avenir qui propose justement des aides pour des études dans le secteur médical.
“J’avais déjà candidaté à Cadres Avenir à l’époque où le programme s’appelait encore 400 cadres pour des études d’assistante sociale. Mais mon papa étant très malade, j’avais alors décidé de rester à ses côtés. C’est une décision que je n’ai jamais regrettée, ce n’était juste pas le bon moment pour moi. Maintenant, ça l’est!”
Son dossier accepté, Léontine se lance dans la préparation de son départ. En parallèle de la remise à niveau proposée par Cadres Avenir, elle continue d’exercer en tant qu’infirmière au sein des dispensaires du Nord, où la pénurie médicale se fait ressentir.
“Cette période a été très dure et très intense mais elle m’a permis de tester mes limites et de prendre conscience de ma résilience! Se replonger dans les livres, c’est difficile quand on a quitté les bancs de l’école depuis des années, mais, malgré les difficultés, j’ai trouvé la remise à niveau riche et constructive. Et puis, les équipes de Cadres Avenir et de l’Aceste sont bienveillantes et nous tirent vers le haut. Je me suis sentie encouragée et soutenue à chaque pas!”
La remise à niveau terminée, Léontine atterrit en métropole, et plus précisément à Toulouse, en août 2023 pour la première fois de sa vie. La recherche de logement se révèle un peu difficile, mais heureusement, elle loue un airbnb tenu par une vieille dame avec qui elle s’entend très bien avant de se trouver finalement un appartement.
Côté études, elle intègre le Diplôme d’État d’infirmier en pratique avancée mention pathologies chroniques stabilisées, prévention et polypathologies courantes en soins primaires à l’Université Paul Sabatier. Un master de deux ans qu’elle aura fini de compléter en juin 2025.
“Je ne suis pas encore certaine de ce que je souhaite faire ensuite. Je suis venue ici seule, ma famille est restée au pays. Forcément, je compte y retourner rapidement pour retrouver mes enfants. Mais avant ça, j’aimerai peut-être faire un mois de stage au Canada, car le concept d’infirmière en pratique avancée vient de là-bas. Ils ont une façon d’approcher la prise en charge des patients qui me parle. De plus, c’est un pays qui, avec toutes ces villes et villages isolés, a un système de soins assez similaire au nôtre, avec nos dispensaires. Ça serait intéressant de voir comment les choses se passent là-bas!”
Ce qui est certain, c’est qu’une fois de retour au pays, Léontine devra faire connaître sa profession et ses champs de compétences puisqu’il s’agit d’un métier relativement récent, même en métropole.
“Nous sommes ici pour travailler sur les facteurs de risques et nous sommes habilités à prescrire des renouvellements de médicaments. Nous agissons en tant que passerelle entre le personnel infirmier et les docteurs afin d’assurer une continuité de soin, lorsque c’est nécessaire. Et je sais que ce genre de métier sera plus que bénéfique au pays, surtout dans les zones de désert médical comme la province Nord par exemple. J’irai là où on aura besoin de moi!”
Le mot de fin
Passionnée par son métier et muée par une forte volonté d’aider les populations calédoniennes, Léontine n’a pas hésité à partir et à se replonger dans les études pour répondre aux besoins du pays. Même si cette décision lui a paru parfois difficile, elle n’a jamais reculé devant les sacrifices qu’elle impliquait et aujourd’hui elle ne le regrette pas.
“Quand on a un objectif, il ne faut pas hésiter à se lancer. J’avais beaucoup d’appréhension avant le départ, j’ai même hésité à ne plus partir. Au final, cette expérience m’a fait grandir, sortir de mon cocon et je pense que c’est important. Cela nous fait revenir au pays plus mature et plus fort, prêts à construire un avenir solide, ensemble.”